Nasdaq europeen propositions
Le grand espoir du PEA-PME : trois propositions pour créer un Nasdaq européen
Jamais les petites et moyennes valeurs de la Bourse de Paris n’ont bénéficié de tant d’attentions. Très immédiatement, lesquelles sont éligibles au PEA-PME ? A terme, lesquelles présentent le meilleur potentiel ? Le PEA-PME, que PME Finance avait présenté en 2011, présente ainsi déjà un premier effet positif : il a mobilisé l’attention des investisseurs et des financiers sur un segment jusque-là délaissé de la Bourse de Paris. L’Observatoire des Entrepreneurs - PME Finance, en partenariat avec Altavalue, a déterminé une liste de quelque 900 sociétés, moitié cotées et moitié non cotées, qui devraient bénéficier en priorité des nouveaux apports de fonds. Si son succès se confirme, et que 5 à 9 milliards d’euros viennent à s’investir sur Euronext B, C et Alternext d’ici à fin 2017, le PEA-PME commencera à redresser le principal déséquilibre du financement des PME : une Bourse deux fois plus petite que le capital-investissement, et pourtant chargée d’offrir des « sorties » aux investisseurs en capital. Peu étonnant, dès lors, que les start-up au plus grand potentiel, comme Critéo, aillent se coter outre-Atlantique.
Le PEA-PME peut faire de la place de Paris la Bourse la plus liquide d’Europe pour les PME-ETI. Ce faisant, il posera les fondements d’un nouvel outil de financement du Mittelstand européen. Il deviendra alors une place de marché d’une profondeur sans égale, pour offrir aux start-up et PME à potentiel une réelle alternative de cotation face aux grandes places américaines. Ce « Nasdaq européen » pourra financer des PME avec des levées de plusieurs dizaines, voire centaines, de millions d’euros, plutôt que quelques millions d’euros comme aujourd’hui. Dans cet esprit, PME Finance propose trois actions :
- Remédier à la fragmentation des marchés, qui nuit à la visibilité et l’attractivité des PME-ETI. Pour cela, il est nécessaire de pousser au rapprochement des Bourses de valeurs moyennes, selon le modèle multi-local de la fusion des carnets d’ordres entre les Bourses de Paris, Bruxelles et Amsterdam. Il est également possible de favoriser les cotations multiples, de viser à l’interopérabilité des systèmes de cotation et de mettre en réseau les différentes Bourses régionales européennes. Tout cela créera, du point de vue des investisseurs, une masse critique sur une nouvelle classe d’actifs à fort potentiel et, du point de vue des entrepreneurs, un marché doté d’une profondeur suffisante pour y financer des levées de fonds importantes. La France pourra saisir en ce sens la prochaine Commission de la nécessité de créer un passeport européen, dans l’esprit de la directive Prospectus, pour les phases de négociation et non seulement pour l’offre au public de titres financiers.
- Relancer la constitution d’une Bourse européenne des entrepreneurs. La fusion des places générales en Europe est un sujet difficile et sensible, pour des raisons de souveraineté nationale, de contrôle et de gouvernance. En revanche, le rapprochement des marchés de PME et d’ETI peut emporter le consensus, car le financement des PME forme un sujet prioritaire pour la plupart des pays de l’Union. Les travaux, en 2012, des rapports Giami-Rameix et du Comité d’Orientation Stratégique d’Euronext ont posé les bases de la création d’un marché de PME-ETI à vocation européenne. Si Euronext prend l’initiative, en apportant à sa filiale Enternext ses marchés de PME-ETI (Euronext B, C et Alternext), elle créera le moteur de ce rapprochement. Enternext deviendra une entité autonome, bénéficiant pleinement de la liquidité générée par le PEA-PME et capable d’engager des alliances stratégiques avec d’autres marchés de start-up et de PME-ETI en Europe. L’intéressement à son capital des principaux acteurs européens de marché, notamment technologiques, pourra conforter ce mouvement et faire ainsi d’Enternext le noyau d’un futur Nasdaq européen.
- Filtrer les sociétés pour renforcer la base des investisseurs. Le PEA-PME favorisera la multiplication des introductions en Bourse et attirera de nouveaux investisseurs vers les PME-ETI. Pour que ce mouvement prenne de l’ampleur et efface le souvenir de la bulle Internet, il est important, notamment pour les sociétés de technologie, que leur confiance soit protégée. PME Finance invite les régulateurs et les autres parties prenantes à ne pas relâcher les critères d’admission des start-up, comme on l’en presse souvent : au contraire, plus d’exigences auprès des émetteurs peuvent générer, in fine, plus d’investissements dans les PME.
Les 4 critères de succès du PEA PME :
1. La confiance viendra de l’effort de pédagogie des distributeurs vis-à-vis des épargnants sur les avantages mais aussi les inconvénients de l’investissement dans des PME
2. Le ruissellement des ETI vers les PME viendra du volume et de la liquidité .
3. Le volume et la liquidité dériveront de la capacité des professionnels de la gestion d’actifs à structurer des fonds diversifiés (actions-obligations) éligibles
4. L’émergence d’une Bourse européenne de PME-ETI
Jean Rognetta
Président de PME Finance
PEA-PME : le coup d'envoi
Rapport de l'Observatoire des Entrepreneurs de PME Finance, en partenariat avec CM Economics et AltaValue, publié le 18 mars 2014