etude le financement participatif des entreprises
"Faire de la France le pays pionnier du financement participatif"
Lors de cette Vendredi14 février 2014 au Centre Pierre Mendès-France à Bercy, la ministre Fleur Pellerin a présenté sa réforme réglementaire sur la finance participative. PME Finance, ayant écrit pour l'occasion une étude sur le financement participatif des entreprises, fut partenaire de l'événement.
Table ronde 1 : « Financement participatif, économie collaborative : une lame de fond ».
Lors de cette première table ronde les acteurs du marché de la finance participative ont pu préciser leur vision de l’économie collaborative et expliquer l’émergence de nouveaux modèles économiques.
Dans quelle mesure l'économie collaborative est-elle une révolution ?
L’économie collaborative n’est pas une « révolution », selon Frédéric Mazella (Blablacar), mais une nouvelle liberté individuelle, celle d’interagir avec tous les particuliers, de construire sa propre réputation, la possibilité d’interagir plus simplement. Le prochain secteur à suivre selon le fondateur de Blablacar est celui du savoir, qui est très accessible en France mais très onéreux outre-Atlantique.
Selon Vincent Ricardeau (Kisskissbankbank), l'économie collaborative annonce un nouveau paradigme et un changement majeur : un accès privilégié à la possession et à la propriété. Ce nouveau champ économique permet de connecter les individus les uns aux autres, d’échanger et de consommer. Dans cet univers en mutation, Kissbankbank se voit comme la « banque de l’économie collaborative », ayant déjà collecté plus de 12M€ depuis sa création. Par ailleurs, pour Vincent Ricardeau, la question clef dans l’économie collaborative n’est pas tant celle du prix que celle de la fiabilité : l’intermédiaire joue le rôle de l’assurance. On peut le comprendre si on observe le modèle de Airbnb qui repose sur le tiers de confiance.
Marie Ekeland (France Digitale) résume la mutation en cours ainsi : “l’économie collaborative est le passage d’une consommation passive à une consommation active. ». Et à Céline Lazarthes (Leetchi) d'ajouter que l’économie collaborative offre un accès à des services qui étaient plus chers et plus rares auparavant, et de développer son potentiel en tant qu’entrepreneur.
Commet l'économie collaborative évoluera-t-elle ? Quels sont et seront les modèles économiques ?
A en croire les prévisions de Forbes, le crowdfunding représenterait 1 000 milliards de dollars d’ici 2020. Il y aura des opportunités à saisir. S'il existe un besoin partagé par plusieurs milliers de personnes, il y a un modèle économique, selon Céline Lazorthes. La plateforme Leetchi est un bonne exemple : c'est une cagnotte en ligne communautaire avec des quotes-parts selon les participants et mutualisant les coûts. La plateforme offre un service et comble un besoin. De même, dans un service comme Blablacar, il y a la possibilité de redonner le pouvoir à tout le monde. Les particuliers notent leur chauffeur, explique François Carbone (Anaxago), mais le site ne juge pas. Il rappelle que le taux d’échec des projets de crowdfunding sur les plates formes est inférieur à celui des banques. Avec le mécanisme de contrôle « par les pairs », il y a peu d’escroc. Ce rapport entre individus permet de restaurer un certain niveau de confiance. “La force du crowdfunding est de permettre à chacun de libérer sa créativité, comme remède à la morosité ambiante.” ajoute François Carbone (Anaxago)
Pour Marie Ekeland (France Digitale) et Martin Duval (Bluenove), l’économie collaborative est très neuve, et son histoire est en train de s’écrire. Les leaders d’aujourd'hui ne seront pas forcément ceux de demain. De nombreux autres types d’économie collaborative restent à inventer. Ainsi, pour François Carbone (Anaxago), il faut profiter de l'occasion pour que les plateformes françaises se développent rapidement et s'imposent sur le marché européen.
Enfin, Marie Ekeland (France Digitale) rappelle le rôle des plates-formes qui donnent accès aux deals à tout le monde. La performance des plateformes se fait à trois niveaux :
- Sélectionner les bons projets ;
- Obliger à la construction d’un portefeuille diversifié ;
- Accompagner les dirigeants professionnellement.
Ainsi, conclut-elle : “Le crowdfunding permet de redonner du sens à son épargne”, contrebalançant les logiques bancaires privilégiant les placements sans risque.
Participants :
- François Carbone, Anaxago
- Marie Ekeland, France Digitale
- Céline Lazorthes, Leetchi
- Vincent Ricordeau, Kisskissbankbank
- Martin Duval, fondateur, Bluenove
- Oussama Ammar, The Family
Fleur Pellerin, ministre déléguée chargée des PME, de l’Innovation et de l’Économie numérique, a annoncé la très attendue réforme de la finance participative, citant en introduction le Président François Hollande : « l’économie de demain, c’est une économie du risque, de l’innovation, du numérique ».
La Ministre est revenue sur les différentes actions réalisées démontrant son volontarisme pro-entrepreneuriat et pro-innovation : le “pacte pour la compétitivité, la croissance et les emplois” (novembre 2012), les assises de l'entrepreneuriat et de l'innovation (avril 2013), le plan « nouvelle donne pour l’innovation » (novembre 2013) et l'initiative French Tech (novembre 2013). L'objectif de la réforme est de “faire de la France le pays pionner en matière de financement participatif”. L’explosion du participatif illustre bien cette dynamique, dans la droite ligne de la “start-up république”.
La réforme annoncée se résume en 3 mots :
- Innovation : supprimer les barrières à l’entrée pour facilité les nouveaux projets ;
- Confiance : garantir la transparence de l’information grâce à la création d'un label permettant de repérer les plateformes conformes, et la création d'un statut (IFP) pour les plateformes de prêt sans minimum de fonds propres pré-requis et d'un statut (CIP) pour les plateformes sans minimum de fonds propres ;
- Inclusion : mobiliser tous les concitoyens, en ne limitant pas la finance participative aux investisseurs fortunés.
Déborah Ellalouf, la présidente de Tralalère, société qui développe des applications pour tablettes et smartphones, a présenté son projet sur le développement des compétences numériques des enfants. Le principe du projet « code : décode » est d'apprendre aux enfants à coder et lutter contre l'usage passif des nouvelles technologies, en aidant les jeunes à décrypter le numérique. Tralalère lance aujourd'hui un premier module : Gleam Code, outil ludique qui permet de créer soi-même un jeu très simple.
Présentation de l’étude de PME Finance par Reid Feldman et Hubert de Vauplane, avocats aux barreaux de New-York et Paris (cabinet Kramer Levin) et par Chloé Magnier (Rapporteure de l'Observatoire des Entrepreneurs et directrice de CM Economics).
Chloé Magnier (PME Finance) a présenté la réalité multiple que représente la finance participative. En 2013, le crowdfunding représenterait 5,4 milliards de dollars soit une croissance de 900% sur 5 ans. Un doublement des volumes est attendu par rapport à 2012, pour tous modèles de plateformes confondus. La France reste le deuxième pays sur ce secteur en Europe, loin derrière le Royaume-Uni.
Selon Reid Felman (Kramer Levin), la réforme Pellerin place la France en bonne position par rapport à ses voisins. Il met en garde sur différents aspects juridiques : l'assurance d'un minimum de la transparence pour l’investisseur, la nécessité d'une cohérence dans l’organisation des plateformes ainsi que la garantie d'une vraie sécurité juridique pour les dons.
Hubert de Vauplan (Kramer Levin) explique également que la réforme est gage de souplesse, bien qu'on eût pu craindre au départ des freins venant du monopole bancaire ou la réglementation européenne.
Le diaporama de présentation des 3 intervenants
La synthèse de l'étude sur Le financement participatif des entreprises : La mise en place d'un cadre réglementaire propice
Table ronde 2 : Regards croisés de praticiens internationaux
La dernière table ronde a apporté une perspective internationale, analysant les effets de la réforme de Fleur Pellerin en Europe.
Daniel Daboczy (FundedbyMe) pose le débat en rappelant qu'aucun pays d'Europe ne sera aussi gros que les Etats-Unis, leader sur le secteur. Olivier Gadja (European Crowdfunding Network) salue la création de statuts différents selon le type de plateforme. Et à José Zurstrassen (My microinvest) d'ajouter que la France deviendra un pôle d’attraction mondiale en matière de crowdfunding si les règles de libre circulation européennes sont respectées, afin de pouvoir travailler en cross-borde. Il insiste sur la nécessiter de permettre d’avoir des investisseurs venant de l’ensemble de l’Europe. Il faut pouvoir sortir des frontières de l'Europe, ce qui ne permet pas le statut actuel de CIP, ajoute Thierry Mierquol (Wiseed).
Thierry Mierquol (Wiseed) explique qu'il est temps aujourd'hui de protéger l’investisseur particulier contre lui-même. La réforme permettra désormais d'accéder au crowdfunding par fonds propre, sans se limiter au simple don. Cette avancée répond aux attentes d’un crowdfundeur qui est de participer à une aventure entrepreneuriale, de la choisir, et de pouvoir mesurer son impact. Nicolas Lesur (Unilend), pionnier dans le financement de crédits des PME approuve les avancées.
Participants :
- Daniel Daboczy, Fundedbyme, Suède
- Olivier Gadja, président, European Crowdfunding Network, Allemagne
- Nicolas Lesur, Fondateur d’Unilend
- Thierry Mierquol, fondateur, Wiseed, France
- José Zurstrassen, fondateur, Mymicroinvest, Belgique