donner une plus grande dimension au PEA-PME
Donner une plus grande dimension au PEA-PME
Lancé en mars 2014, le PEA-PME a permis de rassembler entre 320 et 400 millions d’euros en sept mois, selon nos estimations. Cet outil doit faire l’objet de modifications réglementaires pour soutenir encore plus les efforts d’investissement des PME françaises.
Par Jean Rognetta, président de PME Finance, 09 octobre 2014
Les chiffres qui viennent de tomber, en ce début de mois d’octobre, confirment toutes les craintes. Non seulement, la croissance économique française devrait s’établir en 2014 à 0,4 %, selon l’Insee, mais elle devrait aussi plafonner à 1 % l’année suivante, d’après les dernières prévisions du FMI. Il y a donc urgence : dans cet environnement plus que morose, il est nécessaire de redonner aux sociétés tricolores l’envie de reprendre l’initiative. Pour elles, il ne s’agit pas seulement d’une question de confiance en l’avenir. Etant donné qu’elles privilégient la restauration de leur situation bilantielle à la dépense, depuis 2012, l’Etat se doit de les inciter à relancer leurs investissements.
Or, certaines voix se sont récemment élevées contre l’action des pouvoirs publics dans la vie des PME, arguant du fait que les interventions de la banque publique d’investissement, bpifrance, tenaient plus des nationalisations déguisées que de l’intérêt général. C’est aller bien vite en besogne que d’avancer cela. Estimer que les prises de participation de cet institut engendrent notamment une forte éviction du secteur privé ne suffit pas pour dresser un diagnostic. D’autant que telle n’a jamais été la philosophie d’action affichée par l’Etat : CDC Entreprises puis le Fonds stratégique d’investissement (FSI), les organismes qui préexistaient à ce qui allait devenir bpifrance, en 2013, ont régulièrement cherché à mobiliser des partenaires privés à leurs côtés, misant sur ce qui devait être un « effet de levier » sur l’action publique. Il semble donc abusif de qualifier cette dernière de néfaste, sans autre forme de procès ou sur la base d’une approche dogmatique.
En revanche, il est vrai que l’on peut légitimement mettre en perspective l’efficacité des actions déjà initiées. Face à une crise économique sans égal, les moyens déployés par l’Etat montrent leurs limites. En réaction, il faut travailler à une action concertée public-privé, pour relancer les investissements privés à destination des entreprises. Travailler à une véritable allocation de l’épargne des ménages au financement à long terme de l’économie, voilà ce qui doit être la priorité du moment.
Cette voie a d’ailleurs commencé à être explorée. Via la signature du décret concernant le texte régissant le financement participatif (« crowdfunding »), le 15 septembre dernier, ou encore avec l’entrée en vigueur du PEA-PME, au mois de mars. A notre sens, il est nécessaire de passer la vitesse supérieure pour cet outil au potentiel considérable. Critiqué pour n’avoir connu que des débuts limités, le PEA-PME a réuni entre 320 et 400 millions d’euros en sept mois, selon nos estimations. Loin d’être étonnamment laborieux, ce coup d’essai doit être transformé. Mais à l’heure où des produits comme le Livret A proposent une rémunération sans risque, alors même que les taux d’intérêt sont au plus bas, les particuliers ne sont absolument pas incités à se tourner vers de tels produits, spontanément. C’est justement là où l’action des pouvoirs publics doit prendre tout son sens. Dès le début de nos réflexions, que nous menons notamment avec l’Association française de gestion (AFG), il nous est apparu évident d’ouvrir le PEA-PME aux produits obligataires. D’une part, afin que cet outil se conforme à la réalité d’un marché où les PME sont friandes de ces instruments n’entraînant aucune dilution du capital ; d’autre part, pour que le PEA-PME dispose d’une composante offrant aux souscripteurs une composante rémunératrice supplémentaire, et donc attractive.
Les pouvoirs publics doivent avoir conscience que ces ajustements, à coût fiscal nul, sont essentiel. Ils permettront, in fine, d’actionner un levier privé, complémentaire à l’action de bpifrance.
J.R.